LETTRE DE MA MÈRE 2
Mon petit garçon
J’ai vu ton dernier spectacle.
J’ai suivi aussi tes péripéties conjugales.
J’ai vu que t’en avais fait un album. C’est bien. Il faut transformer la souffrance, la rendre fertile. N’en fais pas ton carburant cependant, tu pourrais t’eloigner de ton bonheur. Car contrairement à toi je pense que raison de vivre et bonheur font bon ménage.
Le bonheur ça n’est pas un état, c’est une quête, et on s’en approche en faisant ce pour quoi on se sent fait. C’est mon avis.
Je vous regarde depuis le paradis, le vrai, pas celui de ton album, non, le paradis d’après la mort, l’au-delà comme ils disent.
Ce lieu, je te l’ai déjà decrit dans mon précédent courrier, il a pas beaucoup changé en 10 ans.
Tu me diras, pourquoi s’interesser au temps qui passe dans un monde où la vie est eternelle ?
Parce qu’elle est pas eternelle la vie, dans l’au dela, figure toi. On disparait, à un moment, complètement, même d’ici, on s’éteint, tout à fait.
Personne ne sait vraiment quand ni pourquoi, mais la théorie la plus répandue c’est qu’on existe tant que chez vous, on pense encore à nous.
Note qu’avec toi je suis assez à l’abri pour l’instant.
Tu viens d’ecrire cette chanson, des nouvelles, qui est ta deuxieme lettre publique à mon égard, merci, c’est très joli.
Je suis ravie de savoir que tu vas mieux, c’était pas évident à déceler vue d’ici.
C’est vrai, quand on voit ton visage marqué par ces quelques épreuves que la vie a mis sur ton chemin ( tu n’as pas non plus traversé de grands deserts, ni de grandes misères, mais ton visage a imprimé une souffrance palpable, en tout cas pour moi ta mère).
Donc tu vas mieux. Ok. Si tu le dis.
Moi aussi je vais mieux.
Vous me manquez moins, et c’est une bonne chose crois moi.
Je pense à vous moi aussi, tous les jours, mais c’est moins pénible, je vois vos destins se realiser, et ça me remplit de joie.
J’ai pu voir que ton père avait rencontré quelqu’un. Grand bien lui fasse. Il mérite. C’est un homme interessant, et à ses cotés, la vie est passionnante.
Bonne chance à elle cela dit.
Moi aussi j’ai rencontré quelqu’un, et tu le connais je crois. C’est Jean Pierre Bacri. Je l’ai croisé à une fête organisée par Coluche. Je connais Coluche à cause de ton oncle Olivier, qui avec son entregens, n’est pas le dernier niveau festivités.
Coluche m’a présenté Jean Pierre et depuis, c’est bien ici.
Depuis 2 mois on s’est mis en tête de préparer l’arrivée d’Elisabeth 2.
On voudrait faire une fête avec un peu tous les gens qui ont marqué son regne, parce que globalement ils sont tous ici. Ils sont pas évidents à joindre parce que tous très célèbres, mais pas impossible. On a déjà eu le feu vert de John Lennon, Bob Marley, JF Kennedy, quelques papes ( Jean Paul 2, PIx XII) , et Albert Einstein. Moi j’ai une bonne idée pour la deco mais j’aurais besoin du coup de main de Walt Disney, et je ne desespere pas de l’inviter.
Donc tu vois, sacrées sphères dans lesquelles je gravite, j’en reviens pas moi-même.
Donc je vais bien, ça te fera surement plaisir de le savoir.
J’ai vu ton spectacle, et, j’ai compté, tu mentionnes 4 fois le fait que je suis morte.
Après les deux chansons que tu as ecrites à ce propos, je pense que le public doit être bien au courant maintenant. A mon avis les gens savent deux choses te concernant, que je suis morte et que t’es divorcé.
Mais tu vas mieux. Tu le dis donc c’est sur.
J’avais une reflexion que je voulais te partager.
Voilà,
ce que je me disais,
c’est que finalement,
je ne suis pas morte fauchée en pleine vie, à 40 ans, ou moins, avec des enfants petits.
Je suis morte en étant 5 fois grand-mère, à 60 ans, après des années d’une vie que j’ai principalement choisie.
Tout cela n’est pas injuste.
Et si je comprend que tu doives faire le deuil, je me demande desormais s’il ne serait pas temps que tu commences à passer à autre chose.
Que dirais tu si les gens te connaissaient non pour tes chansons de deuil et de séparation, mais pour tes positions, tes engagements, ton enthousiasme, que sais je, pour l’espoir que tu transmettrais ?
Je propose, ne te braque pas.
Et si ton creneau c’est la chiale, et bah c’est la chiale, je voulais juste proposer.
En parlant de chiale, tes enfants c’est vraiment des beautés divines, quelle chance tu as qu’ils aient pris les cheveux de leur mère. Et sa peau. Et son allure.
Allez ça va je te charie un peu. Tu sais on peut être mort et drole. C’est Jean Pierre qui m’inspire, il est formidable.
Je ne sais pas comment conclure cette lettre sans justement tomber dans une forme de larmoyance que j’aimerais justement que tu quittes pour un peu.
Tes enfants sont magnifiques donc, tu les éduques très bien ne t’inquietes pas. Et c’est pas grave qu’ils soient si difficiles avec la bouffe ou qu’ils ne voient pas assez leurs cousins.
Tu prends un chemin de vie qui se dirige vers la sérénité, c’est un long chemin difficile mais tu fais face, tu fuis pas, ça paiera le jour où tu devras mourir.
Mon conseil : arrete un peu de parler de moi, de ton divorce et de tes etats d’ame, et vois ce qui sort.
En attendant pense à moi pour que j’existe.
Ta maman